mercredi 5 décembre 2018

HYMÉNOPTÈRE DE GUERLAIN

Seules les abeilles de Guerlain resteront vivantes, car quand l’abeille, au printemps, confiante et charmée sort de la ruche et prend son envol, tout l’invite sur sa route embaumée ; l’églantier berce au vent ses boutons entrouverts, la clochette des prés incline avec tendresse sa tête, et l’abeille émue cède au désir qui la presse et plonge dans son lit pour s’y baigner.

Descendez dans vos champs et vos jardins, et vous apprendrez que c’est le plaisir de l’abeille de butiner le miel de la fleur. Mais, c’est aussi le plaisir de la fleur de céder son miel à l’abeille. Car pour l’abeille, la fleur est une source de vie, et pour la fleur, une abeille est une messagère d’amour, source de fécondation douce « in Vigogne  » pour le plaisir, le besoin d’une extase furtive d’un vol de colibri.

Trébuchant sous une poudre d’or, son fardeau alourdit son vol, elle se pose sur le sein parfumé de ma muse. Tandis qu’elle s’oublie, un orage prochain menace. Mais, l’imprudente continue son vol sous les buissons en fleur où l’eau tombe de toute part,  trop tard pour regagner la ruche. Celle-ci se pose sur le sol et regarde cette poudre bleue sur l’herbe qui chaque minute se propage sur son corps et finit par l’endormir, un produit chimérique répandu sur les sols par des hommes qui ne t’aiment pas..

Tu dors comme dormirait un enfant malade. Endors-toi petite abeille au cœur tendre ! Le ruisseau sous les coudriers, où dorment les ruches, ne seront plus jamais ta maison. Endors-toi… et à jamais. Seules resteront à la fin les petites abeilles de Guerlain, et c’est bien triste !

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